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"Roland Cailleux m'apparaissait comme une sorte de Scott Fitzgerald qui lut Céline et Joyce. Le noeud papillon, et, par moments, une certaine gouaille hautaine, y étaient pour quelque chose, mais pas tout. Il donnait à ses contemporains le sentiment d'une rigueur courtoise.
La rigueur était là, dans sa grande vocation d'écrivain et dans le jugement qu'il n'hésitait pas à prononcer sur les autres, quand le besoin s'en faisait sentir, au nom d'une règle d'intimité et de splendeur qui était la sienne."
                                                                               Antoine Blondin, Les Nouvelles littéraires

             Au volant de sa "Blue lemon"

"La jeunesse de Roland Cailleux avait suscité un brouhaha trop flatteur. Quoi qu'il advint par la suite, ses silences, ses absences vivaient avec une intensité peu commune au club des Happy few. Revenu à la littérature sur le tard, il témoignait d'une vitalité qui ressemblait à une éternelle adolescence. Merveilleux Cailleux! Exhubérant. Secret. Il était à  Cambridge quand on l'attendait à  Florence. Mais à Paris, en toute circonstance quand l'amitié requérait."
                                                                                                                                                               Christian Dedet, le Monde

 

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"L'homme peut-être, mais l'écrivain à coup sûr portait en lui une jeunesse anxieuse et exigente. Avait-il trouvé et éprouvé avec succès un chemin d'investigation qu'il en changeait à l'ouvrage suivant, avait-il donné à une source d'inspiration un privilège qu'il demandait ensuite à d'autres régions de l'existence le moteur de son entreprise. Les points communs restent pourtant nombreux mais ils se situent au plus secret d'un domaine où la sensibilité, la lucidité et l'art mènent un jeu invisible." 
                                                                                                                         Jacques Laurent, Avec Roland Cailleux

"D'emblée, le docteur Cailleux donnait tout : ses souvenirs, ses lectures (il avait tout lu), ses projets, mais avec une retenue qui signifiait : "Ce soir, c'est vous que j'ai choisi pour me livrer." Comment ne pas lui accorder en retour une totale confiance nuancée de gratitude ? Mais ce qu'il cherchait, ce n'était pas des confidences, et je ne sais quel vulgaire coeur à coeur. C'était tout au contraire un contact intellectuel,  le signe quasiment maçonnique d'une commune appartenance à la mystérieuse patrie des Lettres. [...] Pouvait alors commencer le jeu grisant de l'échange. [...] J'oserai avancer que je me sentais plus intelligent quand nous nous séparions."
                                                                                                                                                        Thomas Narcejac, Avec Roland Cailleux

 

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"Ce médecin, lettré et subtil, malgré la ferveur de ses lecteurs, s'éloigna avec une orgueilleuse modestie de la "gendelettrerie"."
                                                                                       François Nourrisier, Le Figaro Magazine

"Seule valeur pour Roland cailleux, l'amitié, l'amour, la littérature. Cailleux ose dire que les intellectuels "l'embêtent" et qu'il préfère les ouvriers : "Les gens du peuple sont prodigieux, ils ont des mots de génie". [...] Comédien, homme heureux, il déclare et jubile : "Je mens tout le temps, Il ne faut croire que ce que je signe". Puis il termine (en parlant de sa cyclothymie, trois ans de dépression, suivie de trois ans d'exhaltation) : "A ce rythme,  je suis resté jeune. 
                                                                   J'ai vécu la moitié de mon temps."
                                                                                                                                                                  Interview de Claude Helleu 

"Deux films illustrent assez bien deux versants de son caractère : Helzapoppin (le goût des blagues et le sens du non-sens) et Mary Poppins (le besoin de rendre les gens heureux autour de lui). [...] Alors qu'on attendait son roman, il donnait des leçons de français à un horse-guard, écrivait pour ses filles une pièce qu'elles jouaient un seul soir, avec leurs amis. [...] Roland aimait faire partager ses découvertes. A une certaine époque, il ne sortait jamais sans avoir dans sa poche un exemplaire de Lettrines et il demandait à tout venant, comme La Fontaine pour Baruch : "Avez-vous lu Gracq ?" [...] Dans ses périodes de survoltage, il était exténuant, il faisait alors surface frais comme un gardon. Il arrivait avec des bouteilles de schweppes et de gin, vous reveillait à quatre heures du matin pour vous lire un passage d'Ivy Compton-Burnett (une de ses passions), vous emprunter un ticket de métro, vous rendre une petite somme qu'on ne se rappelait pas lui avoir prêtée, ou vous dicter de toute urgence un chapitre du roman légendaire auquel il disait travailler depuis plus de vingt ans." 
                                                                                                                                                                        Michel Perrin, L'Ingénu n°7, 1980.

 

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"De tous les cadeaux que tu nous as offerts, c'est peut-être celui là qui te dépeint le mieux : un kaléidoscope. Mais attention, pas un kaléidoscope ordinaire, avec de la verroterie tape-à-l'oeil. Non, dans celui-là, le fond était transparent. Il nous offrait des combinaisons à l'infini. Dernièrement, j'ai voulu en acheter un pour mon filleul. Je me suis arrêtée dans un grand magasin de jeux, on m'a regardée l'air étonné et nostalgique : "Oh ! Il y a quelque temps (sans préciser lequel) qu'on n'en a plus." Je te soupçonne d'être parti avec le dernier pour scruter un coin du ciel."
                                                                                           Françoise Cailleux-Binello, Avec Roland Cailleux 

"Personnalité hors du commun, à l'allure d'aristocrate, ayant mené une vie de bohème, entre Paris, Cambridge et Florence, écrivain inclassable, d'une exigence anachronique dans un siècle de facilité [...]"
                                                                                          Décès de l'écrivain Roland Cailleux, Le Monde 



  photo prise par Henk Breuker